La lutte contre la lamproie marine dans les Grands Lacs:
Un succès remarquable!

La lamproie marine est une espèce envahissante très destructrice. Depuis son arrivée dans le lac Ontario au milieu des années 1800, et dans les Grands Lacs supérieurs en 1921, elle a infligé d’importants dommages économiques, perturbé les pêches et les écosystèmes, en plus de modifier le quotidien des gens de la région. La fiche 4 décrit les effets dévastateurs de la lamproie marine sur les Grands Lacs.

Des plus de 180 espèces non indigènes du bassin des Grands Lacs, la lamproie marine est le seul envahisseur visé par une lutte à l’échelle du bassin, et constitue le seul exemple au monde d’un programme de lutte efficace contre les ravageurs vertébrés aquatiques à l’échelle de tout un écosystème.

La lutte contre la lamproie marine est nécessaire pour préserver et améliorer les pêches telles que nous la connaissons et protéger l’intégrité de l’écosystème. La bonne nouvelle : il est possible de les combattre! La Commission des pêcheries des Grands Lacs, sous le régime de la Convention sur les pêcheries des Grands Lacs, mène la lutte contre la lamproie marine en partenariat avec le U.S.Fish and Wildlife Service, Pêches et Océans Canada et le U.S. Army Corps of Engineers. Le US Geological Survey mène aussi des recherches essentielles à cette lutte. Ce programme de lutte antiparasitaire a permis de réduire les populations de lamproies marines de 90% dans la plupart des régions des Grands Lacs. C’est un succès remarquable!

Comment lutter contre la lamproie?

Puisque la lamproie marine passe une grande partie de son existence dans les affluents sous forme de larve s’alimentant par filtration, la lutte commence par l’évaluation que les biologistes font des affluents pour déterminer s’ils contiennent des lamproies larvaires.

Cette évaluation des larves est essentielle pour déterminer la présence, la répartition, la structure des tailles et l’abondance des lamproies larvaires dans les affluents infestés. Ces renseignements aident la Commission à décider où et quand la lutte doit être mise en œuvre. L’efficacité de cette lutte découle des nombreux outils dont dispose la Commission pour frapper durement ces populations.

La Commission et ses partenaires maintiennent un programme « intégré » de lutte contre la lamproie marine, combinant plusieurs méthodes pour l’attaquer sur plusieurs fronts. Ces méthodes sont notamment les suivantes:

Lampricides

La principale méthode de lutte contre la lamproie marine est l’application du lampricide TFM, qui cible les lamproies larvaires dans les affluents où elles ont éclos. Les concentrations de TFM tuent les larves avant qu’elles développent leur bouche létale et migrent vers les lacs pour parasiter les poissons. Le TFM, sans incidence pour la plupart des autres organismes, entrave le métabolisme énergétique de la lamproie, car cette dernière produit une faible quantité des enzymes éliminant le TFM. On utilise aussi un composé moins coûteux, le Bayluscide, combiné sous forme liquide ou poudreuse à certains traitements au TFM afin de réduire la quantité de TFM requise. Aussi, une forme granulaire du Bayluscide, composée de grains de sable enduits de Bayluscide et d’un revêtement à libération contrôlée, est appliquée dans les eaux lentes ou stationnaires, coulant vers le fond avant de libérer le produit. On peut ainsi lutter contre les larves aux endroits où le TFM ne peut être utilisé. Près de 200 affluents des Grands Lacs et « points chauds » larvaires sont régulièrement traités au lampricide pour tuer la larve avant qu’elle puisse s’attaquer au poisson.

Barrières

Pour se reproduire avec succès, la lamproie marine doit avoir accès à des affluents dont le fond contient un gravier où pondre les œufs et un substrat meule où peuvent s’enfoncer les larves. Puisque la capacité de sauter de la lamproie adulte est limitée, des barrières sont utilisées pour bloquer son accès aux frayères et ainsi réduire la portion de l’habitat qu’elle peut infester. En plus des barrages hydroélectriques et autres, des barrières de basse chute spécialement conçues pour bloquer les lamproies adultes ont été érigées à des endroits stratégiques aux abords des Grands Lacs. La majorité de ces barrières permettent aux poissons de sauter pour passer, alors que d’autres intègrent des passes à poissons munies d’un dispositif de tri assurant le passage des poissons ne pouvant pas sauter (mais éliminant les lamproies qui y demeurent coincées). De telles barrières ont réduit ou éliminé le besoin de recourir aux lampricides sur des milliers de kilomètres d’affluents.

Piégeage

La lamproie marine est vulnérable à la capture au moment où elle revient dans les affluents sous forme adulte pour frayer, puis lorsqu’elle quitte les affluents, sous forme juvénile, pour s’attaquer aux poissons des lacs. Les pièges ciblant les lamproies adultes sont généralement placés tout juste en aval des barrières à lamproie, arrivant à capturer jusqu’à 40 % de la population adulte dans les affluents. Malheureusement, les pièges ne permettent bien souvent pas de capturer une proportion suffisante d’adultes pour éliminer entièrement leur reproduction ou le besoin subséquent de recourir aux traitements par lampricide. Néanmoins, ils jouent un rôle crucial pour évaluer les populations adultes et mesurer le succès du programme de lutte contre la lamproie marine. Les pièges ciblant les lamproies juvéniles sont généralement des filets autoportants et amovibles, ou d’autres dispositifs pour les capturer avant qu’elles atteignent les poissons.

Phéromones et signaux d’alarme

La lamproie marine a un odorat très développé. Depuis la fin des années 1990, la Commission et ses partenaires de recherche travaillent à l’élaboration de méthodes pouvant tirer parti de cette caractéristique pour lutter contre la lamproie marine. Les phéromones et les signaux d’alarme sont des odeurs naturelles que les organismes émettent pour susciter des comportements et des fonctions biologiques. Les lamproies marines émettent des phéromones pour attirer des adultes dans les affluents leur servant de frayères, où elles se reproduisent. Les signaux d’alarme sont quant à eux émis par les lamproies mortes ou blessées afin d’avertir les autres individus d’un danger imminent pour qu’ils s’enfuient. Il serait possible d’élaborer une technique misant sur les phéromones et les signaux d’alarme pour repousser et attirer les lamproies vers des pièges, des frayères non adéquates ou des zones où le traitement au lampricide serait facile et peu coûteux, et pour les éloigner des frayères productives ou des zones où l’application des méthodes de lutte est difficile ou coûteuse.

Les pêches font partie intégrante des Grands Lacs.

  • Les pêches des Grands Lacs ont une valeur annuelle de plus de 7 milliards de dollars.
  • Les pêches soutiennent 75 000 emplois, en plus des centaines de milliers d’emplois liés au tourisme et à la navigation, pour ne nommer que ceux-là.
  • Les Grands Lacs accueillent chaque année plus de 5 millions de pêcheurs.
  • La pêche commerciale est le pilier économique de plusieurs communautés des Grands Lacs, et la pêche par bateau affrété en fait partie prenante.
  • La pêche de subsistence est un droit et un mode de vie des tribus et collectivités autochtones.

Les populations de lamproies marines ont été réduites à une fraction de ce qu’elles étaient avant le programme de lutte, ce qui créé des conditions favorables au rétablissement des poissons indigènes ou désirés et à la santé de l’écosystème. Aujourd’hui, les organismes continuent d’ensemenser de centaines de millions de truites et de saumons dans les lacs pour renforcer cette ressource.

La lutte contre la lamproie marine doit se poursuivre.

La lutte contre la lamproie marine valorise grandement les pêches des Grands Lacs. La lamproie étant très résiliente, un simple relâchement des efforts pendant une courte période lui permettrait de rebondir en force et d’infliger des dommages majeurs. Si elle devait à nouveau croître en abondance, il faudrait des années d’efforts pour y remédier, comme lors des nombreuses décennies où elle a retardé le rétablissement des pêches et de l’écosystème.

Il est essentiel de mener une lutte robuste et continue.

L’histoire nous indique que l’économie et l’environnement de la région peuvent grandement souffrir d’un déclin du nombre de poissons:

  • En grand nombre, les lamproies marines dégradent l’écosystème, endommagent les communautés de poissons et en réduisent le nombre.
  • La prédation de la lamproie marine sur les poissons des Grands Lacs perturbe l’industrie de la pêche d’une valeur annuelle de 7 milliards de dollars et les gens qui en dépendent.
  • Les communautés riveraines en souffrent et les gens vont vivre ailleurs.
  • Une abondance accrue de lamproies marines met en péril les obligations liées aux traités tribaux.