L’avenir de la lutte contre la lamproie marine

La Commission des pêcheries des Grands Lacs a connu un succès remarquable dans sa lutte contre la lamproie marine dans les Grands Lacs. La Commission s’est appuyée sur l’innovation scientifique pour trouver les façons les plus efficaces et les moins coûteuses de mener cette lutte. Il est essentiel de continuer à améliorer les méthodes existantes et d’en développer de nouvelles pour assurer la pertinence et l’efficacité du programme de lutte contre la lamproie marine et ses effets néfastes.

Pour être efficace, un programme de lutte antiparasitaire se doit d’être intégré, c’est-à-dire que plusieurs méthodes sont utilisées pour s’attaquer au problème sous différents angles. Pour ce faire, dans sa Vision stratégique de 2011-2020, la Commission présente une série d’objectifs et de stratégies visant à améliorer la lutte contre la lamproie marine grâce à l’étude de nouvelles tactiques et technologies et à leur mise en œuvre.

Pourquoi aller au-delà des lampricides s’ils fonctionnent?

Les lampricides TFM et Bayluscide demeurent de puissants outils du programme antiparasitaire, étant très efficaces et ciblant spécifiquement la lamproie sans nuire à l’environnement. Ils demeurent toutefois coûteux, et puisque la Commission en est l’unique utilisateur mondial, le programme est vulnérable à toute perturbation de l’approvisionnement. On risque aussi que la lamproie développe une résistance à ces produits ou adopte des comportements, ce qui la rendrait moins vulnérable aux effets des lampricides.

Quelle est la vision de la Commission quant au futur?

À l’appui de la lutte contre la lamproie marine, la Commission soutient un vigoureux programme de recherche sur la lamproie afin de mieux en comprendre le comportement, la biologie et l’écologie, et pour utiliser ces connaissances dans l’élaboration de nouvelles technologies et techniques. Par exemple:

On a réalisé le séquençage du génome de la lamproie, cette compréhension des gènes permettant de déterminer le comportement et la physiologie de l’animal, qu’il s’agisse de sa migration, de son accouplement ou de ses réactions au danger ou aux facteurs de stress environnementaux. Grâce à cette réalisation monumentale, les scientifiques pourront, pendant des années à venir, affiner les techniques de lutte afin d’exploiter les points faibles de la lamproie et interrompre son cycle biologique. Aucun autre programme de lutte antiparasitaire ne peut compter sur un tel avantage, et la Commission entend utiliser ces connaissances en génomique pour poursuivre l’élaboration de tactiques et d’outils novateurs visant à éradiquer les populations de lamproie marine.

Une autre grande priorité consiste à savoir si la lamproie marine peut développer une résistance au TFM et au Bayluscid, et à concevoir la prochaine génération de lampricides. Depuis 60 ans, le TFM s’est avéré un moyen sûr et efficace de combattre les populations de lamproie dans les Grands Lacs. Grâce aux données du projet génomique et des études connexes, les scientifiques détermineront si la lamproie devient plus tolérante au TFM, et étudieront des mesures et des stratégies proactives pour prévenir ou atténuer la résistance. Aussi, avec une meilleure compréhension de la biologie et du cycle biologique de la lamproie—qui est sans contredit plus robuste aujourd’hui que lors de la découverte du TFM il y a plusieurs décennies—la mise au point d’un lampricide moins cher et plus efficace est un objectif tout à fait réaliste.

Un autre élément clé du programme de recherche sur la lamproie marine vise à influencer le comportement des lamproies, surtout durant la migration et la période d’accouplement, grâce à l’emploi de phéromones et de signaux d’alarme – des odeurs naturelles qu’émettent les lamproies pour communiquer. Les phéromones pourraient servir à attirer les lamproies vers des pièges ou des zones où le traitement au lampricide serait efficace. Les signaux d’alarme seraient, au contraire, utilisés pour éloigner les lamproies de cours d’eau ou de zones où le piégeage et le traitement seraient plus difficiles. L’utilisation combinée de ces deux types de signaux, selon une technique « attirer-repousser », pourrait créer une synergie bien plus avantageuse que l’emploi d’un seul de ces signaux.

Une autre stratégie pouvant renforcer la lutte contre la lamproie consiste à interrompre la migration de la lamproie marine – soit en aval (individus juvéniles après la métamorphose depuis l’état larvaire) et en amont (adultes frayant) – en améliorant et en diversifiant le réseau de barrières et de pièges. L’intérêt de cette stratégie tient du fait que, en plus de bloquer le passage des adultes

vers des milliers de kilomètres d’habitat de reproduction, elle permet d’éliminer les lamproies juvéniles avant qu’elles pénètrent dans les lacs pour parasiter les poissons.

Alors que la volonté de restaurer le cours naturel des systèmes aquatiques prend de l’ampleur, la Commission et ses partenaires s’engagent à élaborer un processus uniforme pour la proposition, l’évaluation et la mise en œuvre de projets de construction et d’enlèvement de barrières. La Commission estime que la conception de tels projets doit intégrer une façon de bloquer les espèces envahissantes, de protéger les espèces à risque, d’empêcher les contaminants et maladies de se répandre, et de faciliter le passage des espèces migratoires indigènes et des activités récréatives. Une conception améliorée des barrières et des pièges aidera la Commission à atteindre ses objectifs.

Quand appliquera-t-on ces solutions?

Pour la Commission des pêcheries des Grands Lacs, l’innovation n’arrête jamais. Avec ses partenaires, elle a établi une vision ambitieuse de l’avenir de la lutte contre la lamproie marine, s’appuyant sur de nouvelles techniques dont l’élaboration pourrait nécessiter des décennies, mais qui s’accompagneront d’immenses retombées. Le programme scientifique de la Commission et l’initiative de restauration des Grands Lacs ont donné lieu à d’importantes avancées relatives aux méthodes de lutte contre la lamproie. Ces nouvelles techniques seront déployées dès qu’elles auront prouvé leur efficacité dans les essais sur le terrain.