Lampricides et lutte contre la lamproie marine

Dans les années 1950, la lamproie marine avait décimé les pêches et pratiquement détruit l’écosystème des Grands Lacs. Depuis, on a déterminé que l’invasion de lamproies marines était l’une des principales causes de deux déclins importants. Les gouvernements du Canada et des États-Unis ont reconnu l’importance de la vitalité et du dynamisme des pêches des Grands Lacs pour l’économie et pour l’environnement, et la nécessité de lutter contre la lamproie pour éviter la perte des ressources halieutiques. Aujourd’hui, les pêches commerciales, récréatives et autochtones dans les Grands Lacs ont une valeur combinée annuelle de plus de 7 milliards de dollars et soutiennent plus de 75 000 emplois. Si ce n’était de la lutte contre la lamproie marine, les pêches des Grands Lacs n’auraient jamais pu être ce qu’elles sont aujourd’hui. Les lampricides sont le principal outil de cette lutte et ont prouvé leur efficacité dans les Grands Lacs depuis 1958.

Qu’est-ce qu’un lampricide?

À la fin des années 1950 et au début des années 1960, sous la direction du US Fish and Wildlife Service, des scientifiques de la station biologique de Hammond Bay, dans le nord du Michigan, ont commencé à étudier des composés visant à combattre les populations jusque-là incontrôlées de lamproies marines. À l’époque, le principal objectif était de mettre au point un pesticide pouvant tuer uniquement les larves de la lamproie sans nuire aux plantes et aux autres animaux, ou sans impact à long terme sur l’écosystème.

Après avoir étudié plus de 6 000 composés, les scientifiques sont parvenus à découvrir deux composés efficaces pour lutter contre la lamproie marine : le TFM (3-trifluorométhyle-4-nitrophénol), et le Bayluscide (2’, 5-dichloro-4’- nitrosalicylanilide).

Le TFM, le plus utilisé des deux lampricides, est appliqué sous forme liquide à une concentration précise pour traiter les affluents infestés de lamproies marines larvaires. Le TFM agit sur la physiologie de la lamproie, perturbant le métabolisme énergétique des larves. À la différence des autres poissons, le corps de la lamproie marine produit une faible quantité des enzymes pouvant éliminer le TFM. Ainsi, les concentrations appliquées de TFM tuent la lamproie sans nuire à la majorité des autres organismes.

Pour certains traitements, le TFM est combiné à une forme liquide ou poudreuse du Bayluscide, un composé moins coûteux qui permet de réduire la quantité de TFM requise tout en préservant l’efficacité du traitement. L’argent économisé est utilisé pour accentuer la lutte contre la lamproie marine. Dans les eaux lentes ou stationnaires, on applique habituellement une forme granulaire du Bayluscide, coulant vers le fond avant de libérer le produit. On peut ainsi lutter contre les larves aux endroits où le TFM ne peut être utilisé.

Le TFM et le Bayluscide se décomposent en quelques jours après le traitement et ne se bioaccumulent pas dans le milieu aquatique, ce qui en fait des outils de lutte antiparasitaire efficaces et respectueux de l’environnement.

Comment utilise-t-on les lampricides?

La lamproie marine est plus vulnérable aux lampricides durant son cycle larvaire, qui dure entre trois et dix ans, où elle demeure enfouie au fond des affluents des Grands Lacs ou près de l’embouchure des cours d’eau, jusqu’à la prochaine étape de son cycle biologique, où elle se métamorphose et migre dans les Grands Lacs, sous forme juvénile, pour parasiter et tuer les poissons. Selon les caractéristiques de la zone où se trouvent les populations larvaires, et en tenant compte de la durée du stade larvaire, le TFM, le Bayluscide ou une combinaison des deux sont appliqués à intervalles réguliers, généralement tous les trois à cinq ans.

Des relevés d’évaluation sont effectués chaque année dans les affluents pour déterminer la présence, la distribution et l’abondance des larves de lamproie marine, ce qui aide les biologistes à déterminer si les affluents doivent être traités avec un lampricide. Les larves sont le plus souvent uniquement présentes dans certaines zones d’un affluent, et seules ces zones infestées nécessitent un traitement.

Avant ces traitements anti-lamproies, un échantillonnage exhaustif est effectué pour comprendre les caractéristiques chimiques et physiques de l’affluent. Par exemple, le débit, la température, le pH et l’alcalinité d’un cours d’eau ont tous une incidence sur l’efficacité du traitement. Lors d’un traitement anti-lamproies, les paramètres de l’eau sont surveillés et, si nécessaire, des ajustements de la concentration de lampricide sont apportés afin assurer une efficacité, une efficience et une sécurité environnementale optimales. Un tel traitement prend habituellement entre 48 et 72 heures, mais peut durer jusqu’à une semaine selon la taille de la zone visée.

Le TFM et le Bayluscide sont homologués par l’Environmental Protection Agency des États-Unis et l’Agence de réglementation de la lutte antiparasitaire de Santé Canada. L’homologation exige que des études scientifiques démontrent que les lampricides ne posent qu’un risque infime pour les personnes ou l’environnement. Les deux agences ont examiné minutieusement les données relatives aux effets des lampricides sur la santé humaine et la sécurité environnementale, et ont conclu que les concentrations de TFM et de Bayluscide utilisées dans la lutte contre la lamproie marine ne présentent aucun risque déraisonnable pour la population générale ou l’environnement. De plus amples renseignements sont disponibles sur le site Web de l’Environmental Protection Agency : http://archive.epa.gov/pesticides/reregistration/web/pdf/3082red.pdf

TFM and Bayluscide are registered by the U.S. Environmental Protection Agency and Health Canada Pest Management Regulatory Agency. Registration requires scientific studies to show that lampricides can be used with minimal risk to people or the environment. Both agencies have extensively reviewed human health and environmental safety data for lampricides and have concluded that the concentrations of TFM and Bayluscide used to control sea lampreys pose no unreasonable risk to the general population or the environment. Further information is available at the Environmental Protection Agency's website: http://archive.epa.gov/pesticides/reregistration/web/pdf/3082red.pdf.